Transport et logistique, enjeux incontournables de la Smart City
Apparu avec l’émergence de la société numérique, le concept de Smart City – ou ville intelligente – est aujourd’hui au cœur des projets de développement urbain. L’objectif est de tirer parti de tous les atouts du numérique pour créer des services à la fois plus performants et plus respectueux de l’environnement. Face à la croissance de l’e-commerce et des services de livraison qui l’accompagnent, la logistique dite du « dernier kilomètre » constitue naturellement l’un des principaux défis que doivent relever les villes intelligentes.
Depuis 2007, plus de 50 % de la population mondiale vit en ville. Et selon toutes les projections, le pourcentage de la population urbaine mondiale atteindra 70 % en 2050. Ce seuil est d’ores et déjà dépassé en France, où 80,22 % de la population vit dès aujourd’hui en ville. L’urbanisation de la planète pose toutes sortes de questions nouvelles, à commencer par celles du transport et de l’environnement. Alors qu’elles ne représentent encore que 2 % de la surface terrestre, les villes sont à l’origine de 80 % des émissions de gaz à effet de serre. Comment faire pour créer un espace urbain ouvert sur l’avenir, propice à la réussite des entreprises comme à l’épanouissement des individus, et respectueux du cadre de vie ? C’est là qu’intervient le concept de Smart City, ou ville intelligente, qui consiste à tirer parti des possibilités offertes par le numérique et l’exploitation de la donnée pour optimiser le fonctionnement de l’espace urbain tout en améliorant le bien-être des habitants.
Multiplication des initiatives dans les villes françaises
Qu’elles les nomment ville numérique, green-city, éco-cité, ville durable, les villes françaises multiplient les initiatives en faveur de la Smart City. En 2015, la Métropole du Grand Lyon a par exemple lancé le projet Hublo pour gérer la distribution de l’eau sur l’ensemble de ses 54 communes. Le but est de collecter et d’analyser en temps réel l’ensemble des données liées au service de l’eau pour mieux anticiper et organiser les interventions, réduire les fuites intempestives et la consommation. De son côté, Rennes Métropole met actuellement en place un service public métropolitain de l’ensemble des données liées à son territoire, dans le but de les partager ensuite avec les acteurs publics, privés, locaux ou nationaux. En région parisienne, la commune d’Issy-les-Moulineaux, très en pointe sur ces sujets, développe des outils prédictifs appliquée à la circulation. L’originalité du projet consiste à agréger entre elles des données issues de différentes sources, aussi bien des capteurs installés dans l’espace urbain que des informations émises par les utilisateurs sur les réseaux sociaux.
Il serait vain de lister ici toutes les initiatives prises en faveur de la Smart City par les villes françaises. Selon le baromètre 2018 de la transformation numérique des territoires réalisé par Syntec Numérique[1] auprès de 107 collectivités locales, 92 % des communes interrogées auraient déjà lancé une initiative de ville intelligente. Comme l’indique le communiqué de presse de Syntec qui présente l’étude, « ces initiatives portent sur la mise en œuvre d’une gestion optimisée des infrastructures pour qu’elles soient communicantes, adaptables, durables, plus efficaces, automatisées, dans le but d’améliorer la vie des citoyens ».
Le transport optimisé, sujet phare de la smart city
L’un des principaux défis des villes intelligente consiste à associer différents modes de transport à un système de gestion unifié qui soit à la fois efficace, facilement accessible, abordable, sûr et écologique.
A lui seul, le transport des marchandises représenterait 20 % du total des kilomètres parcourus et près de la moitié du gazole consommé dans les zones urbaines. Chaque minute perdue dans les embouteillages justifie à elle seule la nécessité de la ville intelligente. Chacune de ces minutes perdues brûle inutilement du carburant et génère des retards de livraison. L’ensemble se traduit par un coût supplémentaire pour le transporteur, l’expéditeur et le client final. Sans parler du coût environnemental des émissions intempestives, voire de l’usure prématurée des infrastructures et des véhicules. On estime pourtant que les systèmes intelligents de gestion de la circulation ou d’optimisation des parkings permettraient aux conducteurs de gagner 60 heures par an !
Le dernier kilomètre, objet de toutes les attentions
Ces heures gagnées sont autant d’avantages concurrentiels dans un univers numérique caractérisé par la croissante exponentielle de l’e-commerce. Elles expliquent les efforts menés aujourd’hui en faveur du fameux « dernier kilomètre », celui qui mène au client final, mais aussi le plus complexe et le plus coûteux. Les Smart Cities doivent être en mesure de répondre à des demandes de livraisons toujours plus nombreuses et plus rapides. De ce point de vue, la capacité à optimiser le travail des livreurs est donc déterminante pour l’avenir.
L’objectif est de tirer parti de toutes les données disponibles pour constituer une base de connaissance clients multicritères (et pourquoi pas mutualisée entre plusieurs transporteurs). Bien exploitée, ces données sont de précieux outils d’aide à la décision. Elles déterminent le meilleur horaire de livraison, à la meilleure adresse. Dans une ville intelligente, la création de « hub » logistiques centraux vise ainsi à limiter les risques d’embouteillage et à réduire le nombre de kilomètres parcourus. Elle permet aussi aux clients de venir plus facilement récupérer leurs colis directement au centre logistique ou dans des points relais. Bien sûr, pour limiter leur empreinte environnementale, ces « hub » centraux s’appuient sur des flottes de vélos ou de véhicules électriques connectés, ainsi que sur des équipes de livreurs équipés de système de géo-guidage et de collecte des informations de livraison. C’est au prix de tous ces efforts que les acteurs de la logistique et du transport s’imposeront comme des partenaires incontournables du nouvel espace urbain, ainsi que des institutions, des entreprises et des individus qui le composent.
[1] Syntec Numérique est le syndicat professionnel des entreprises de services du numérique (ESN), des éditeurs de logiciels et des sociétés de conseil en technologies. Il regroupe plus de 2 000 entreprises adhérentes qui réalisent 80% du chiffre d’affaires total du secteur (plus de 54Md€ de chiffre d’affaires, 447 000 employés dans le secteur). Il compte 30 grands groupes, 120 ETI, 1 000 PME, 850 startups et TPE ; 11 Délégations régionales (Hauts de France, Grand Est, Auvergne Rhône-Alpes, Provence Alpes Côte d’Azur, Occitanie, Nouvelle Aquitaine, Pays de la Loire, Bretagne, Bourgogne-Franche-Comté, Centre Val de Loire, Normandie) ; 20 membres collectifs (pôles de compétitivité, associations et clusters).
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